CORRIGE de Français
France Métropolitaine - Section ES &S - Juin 2006
Après avoir lu attentivement le texte, vous dégagerez brièvement la morale, puis vous direz à quel(s) genre(s) on peut le rattacher. Vous justifierez votre réponse.
Question (4 points)
La morale
Malgré la relative longueur du passage proposé, une morale se dégage de l’ensemble. Cette dernière peut être exprimée ainsi : des gens passent leur vie à rependre autour d’eux le bien mais au final ils en retirent bien plus de négatif que de positif.
Ces gens là passent leur vie à répandre le bien grâce à leurs qualités et leurs efforts. Mais au final ils n’en tirent aucun bénéfice être personnel. Voire même, ils en sont malheureux.
L’homme à la cervelle d’or nait avec une particularité (une cervelle d’or). Toute sa vie ses proches en profitent (parents, amis et femme) que ce soit de manière consciente ou inconsciente.
Toutefois l’homme à la cervelle d’or ne tire pas d’avantages de cette situation : il ne semble pas vraiment heureux (enfance gâchée, vie de couple basée sur l’intérêt) et connait une fin tragique car il semble proche de la mort à la fin du conte.
Le(s) genre(s)
Cet extrait des lettres de mon moulin est une légende à première vue plutôt enfantine. Mais cela n’est pas le cas car plusieurs messages implicites jalonnent le passage.
Cette légende possède une forte connotation de conte fantastique. La structure l’indique clairement : il commence par « il était une fois » et A. Daudet fini par « telle est […] la légende de l’homme à la cervelle d’or » pour clôturer la narration. Enfin A. Daudet utilise seulement quelques personnages. Ses derniers sont assez stéréotypés (amis « intéressés » l46, femme dépensière très belle l55). Cela est très utilisé dans les contes
L’aspect fantastique, lui, est présent du fait des éléments surnaturels. A. Daudet ne s’embarrasse pas de vraisemblance scientifique. Ce qui est normal pour un conte fantastique. Les éléments qui amènent l’aspect fantastique sont, ente autre, la manière dont sa tête est remplie d’or ou encore la gouttelette qui coule l23.
En second lieu cette légende est rattachable au genre de l’autobiographie car l’enfant à la cervelle d’or fait penser Charles Barbara, l’ami d’A. Daudet.
Des parallèles sont réalisables : ils n’étaient pas inconnus (comme l’homme à la cervelle d’or), sa femme meurt (l65). A la fin on peut associer l’acte de l’homme à la cervelle d’or à un suicide (l81).
Ensuite le genre philosophique n’est pas négligeable. Car cette légende comporte une morale, véritable pensée philosophique. Cette dernière jalonne le texte (parallèle de l’enfant prodigue, la peau de chagrin de Blazac)
Enfin les premiers paragraphes rappellent le genre épistolaire. En effet A. Daudet s’y exprime comme dans une lettre. En outre la mention « A la dame qui demande des histoires gaies » renforce cette seconde hypothèse.
Au sein du dernier paragraphe A. Daudet nous livre la morale. Ce dernier nous avertit également que « Malgré ses airs de conte fantastique, cette légende est vraie d'un bout à l'autre... ». Cet élément nous permet d’affirmer que nous sommes en présence d’un apologue, qui est, rappelons le, une œuvre à teneur didactique, à visée pédagogique, un récit court et souvent plaisant
Dissertation (16 points)
« Malgré ses airs de conte fantastique, cette légende est vraie d’un bout à l’autre… » écrit Alphonse Daudet dans la Légende de l’homme à la cervelle d’or.
Vous vous demanderez pourquoi certains écrivains ont recours à la fiction pour transmettre des vérités ou des leçons.
Introduction
Depuis des millénaires l’homme fait passer des messages. Ces derniers peuvent être véhiculés par la vue (peintures rupestres présentes dans les grottes de Chauvet et de Lascaux, monuments historiques tels que les viaducs romains, les hiéroglyphes et les arènes), l’ouïe, le toucher, le gout ou encore l’odorat.
Chaque message peut être véhiculé par différents biais et de différentes manières. Les écrivains en sont depuis toujours conscients. Mais pourquoi ont-ils parfois recours à la fiction pour transmettre des vérités ou des leçons ?
Tout d’abord n’est-ce pas pour des raisons d’ordre pratiques qu’ils ont recours à de tels procédés, ensuite ne permet-il pas de renforcer le message et, enfin, la fiction n’est-elle pas le passage nécessaire à certaines pensées philosophiques.
I/ La
fiction : pour des raisons pratiques
IA/ Réduire les risques pour l’œuvre et l’auteur
Incontestablement, la fiction est un outil qu’ont utilisé de nombreux écrivains. Cela est toujours d’actualité pour les écrivains contemporains.
Un des plus connus est La Fontaine qui, dans ses fables, a eu recours à la fiction. Il y fait jouer des animaux et très rarement des hommes.
Nous pouvons citer deux fables pour étayer notre raisonnement :
Dans la cours du lion La Fontaine écrit « Sa grimace déplut. Le Monarque irrité / L'envoya chez Pluton faire le dégoûté». Il va même plus loin car la morale de la fable est double. La première, explicite, est une satire des courtisans. La seconde, implicite, est la critique de l’arbitraire royal à mots couverts.
Dans la fable du dépositaire
infidèle IX-1, l’utilisation de la fiction est
ouvertement abordée :
« sous les habits du mensonge /
Nous offre la vérité ».
Voltaire, dans Candide,
utilise la fiction pour que le lecteur puisse suivre
la parcours initiatique propose par l’auteur.
Le recours à la fiction peut
donc être utilisé dans le but de réduire les
risques de censure, très en vogue dans l’ancien
temps. Il est important de noter qu’une censure
pénalisait doublement l’auteur. Tout d’abord il ne
pouvait pas faire passer ses messages puis il
risquait des ennuis. Pouvant aller jusqu’à
l’assassinat.
IB/ un voile d’intimité
La fiction matérialisée par l’étiquette « roman » apposée sur un livre peut être une manière pour l’auteur de se protéger. Ecrire un livre peut être une psychothérapie car il peut permettre d’extérioriser des peines. Ainsi, malgré que son ouvrage soit bel et bien un récit, l’auteur le présente comme un roman.
Un exemple de roman contemporain qui utilise ce procédé est les écureuils de Hyde-Park de Jean-Pierre MONTEIL.
IC/ Ne pas être bridé
Les écrivains peuvent être bridés par la stricte réalité, ou plutôt par ce qui est possible, que ce soit par les techniques ou encore les hommes.
Jules Verne a utilisé la fiction pour permettre à ses personnages de réaliser ce qu’il dépeint. Par exemple, dans voyage au centre de la terre les personnages remontent à la surface en empruntant une conduite d’un volcan en éruption, chose impossible. Toutefois, il ne faut réduire l’œuvre de Jules Verne à une succession d’événements impossibles car ce dernier était très en avance sur ses contemporains. En effet, ses thèmes, jadis de la fiction, sont devenus de l’ordre du réel. Par exemple, l’appareillage utilisé pour envoyer un homme dans l’espace dans son roman De la terre à la lune était dimensionné assez finement pour l’époque. Il en est de même pour le sous-marin du célèbre capitaine Némo dans Vingt milles lieues sous les mers.
II/ La
fiction pour faire passer un message
IIA/ La fiction est plus intuitive
Les fables plaisent naturellement aux gens, c’est ce que La Fontaine nous apprend dans Le pouvoir des fables VIII-4 « Nous sommes tous d'Athènes en ce point ». Cet attrait naturel permet aux lecteurs de se défaire de certains blocages et points d’achoppement.
IIB/ Grossir le trait pour mieux comprendre
Sauf lorsqu’elles s’adressent à un public averti, les œuvres ont besoin d’être assez pédagogiques si elles ont pour vocation de faire passer un message. La fiction permet de grossir le trait et de rendre plus accessible le message d’une œuvre.
Dans Gargantua le gigantisme du personnage principal est une manière d’exacerber certains points comme sa démesure ou son apprentissage de la vie.
En outre, la fiction permet aux auteurs d’aller plus loin dans le tragique et la peur. En effet, étant fictive, l’histoire n’est pas reçue par le lecteur de la même manière. En effet ce dernier ne s’identifie pas aux personnages et à la situation de manière directe.
La fiction apparait alors telle un voile qui diminue d’autant pour le lecteur ses ressentis négatifs que l’histoire est improbable. De nombreux contes utilisent cette technique. Comme la Belle et la Bête ou encore Barbe -Bleue.
IIC/ Les Propagandes
Ce procédé, même s’il n’est pas l’apanage des ouvrages des propagandes, y est très utilisé. Que ce soit par les régimes où leurs opposants.
La ferme des animaux de George Orwell en est un parfait exemple. L’auteur y dépeint les dirigeants du régime soviétique en montrant leurs excès.
Les fictions soviétiques et nazies, dans les ouvrages ou les journaux, utilisaient beaucoup la fiction. Le peuple pensait d’ailleurs souvent que ces dernières étaient vraies. On citera par exemple les ouvriers modèles qui étaient dépeints sur des affiches, le marteau à la main. Ces derniers n’ont bien sûr jamais existé. Mais ils permettaient aux autres ouvriers de viser toujours plus haut, en termes de performance et de dévouement.
III/ La
fiction nécessaire philosophiquement
IIIA/ La fiction pour poser un problème philosophique
Poser la question du rapport entre l’homme et l’animal n’est pas simple. Et avoir recours aux animaux est très intéressant. En effet, ces derniers,
Les fables de La Fontaine n’ont pas vraiment de portée philosophique. Mais la mise en scène d’animaux qui copient les hommes, notamment leurs traits les plus
IIIB/ La parabole
La parabole possède une portée philosophique et religieuse, nous pouvons citer celle de l’enfant prodigue. Où, une fois ruinée, il revient auprès de son père. Ce dernier l’accueille alors. Il existe de nombreuses autres paraboles, et la plupart n’ont jamais eu lieu.
IIIC/ Un outil philosophique
Des philosophes utilisent la fiction comme un outil philosophique. Cette dernière permet d’utiliser des objets philosophiques nécessaires à l’argumentation.
Rousseau a utilisé cette technique pour l’enfant sauvage. Il a inventé ce personnage dans le but de démontrer ses théories sur l’acquis et l’inné.
Kafka, dans la métamorphose, a mis en scène un homme devant un animal. Cette œuvre permet de voir l’attitude de sa famille. Cette dernière fait preuve d’un comportement ignoble, « animal », alors que l’être hybride (mi homme, mi animal) qu’est Igor (l’homme métamorphosé en animal) est très éloigné des clichés admis sur les comportements animaux.
Condillac, dans le traité des sensations, utilise le paradigme de la statue. Cette statue est, au départ, dépourvue de connaissances, elle est comme vierge de toute connaissance. Puis Condillac lui ouvre les portes des sens et il observe le déroulement. Il en tire pour conclusion que la sensation est à la base de tous les autres sens.
Conclusion
Grâce à la fiction, les écrivains ont un outil à la fois utile et puissant. Les raisons pratiques pour utiliser la fiction sont évidentes. Le recours à la fiction est très utile pour un écrivain. Ce dernier peut l’utiliser à de nombreuses fins. En effet, elle permet de captiver le lecteur et au moyen d’un jeu subtil de transposer le récit fictif à la réalité afin de délivrer une leçon ou une morale.
Tantôt une facilité, tantôt un outil indispensable, la fiction apporte au récit une force dont les écrivains militants ont su se servir pour dénoncer à mots couverts. Ainsi, la fiction revêt un caractère politique et elle est utilisée aussi bien pour manipuler que pour dénoncer.
Corollairement les écrivains évitent parfois délibérément d’utiliser la fiction. Cela permet de faire passer des messages plus divers et parfois plus crus. Mais cela dépend de l’écrivain. Les fleurs d’Hiroshima n’ont pas recours à la fiction, sinon le message serait affadit.
Le recours à la fiction est
donc un outil pour l’écrivain. Il en est de même
dans les autres arts. On peut citer par exemple : le
cinéma, la peinture, la sculpture …